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Chaque
jour, je suis sollicité pour des conseils en vue d'obtenir une
meilleure réponse acoustique dans un local à usage audiovisuel.
Souvent,
je dois rappeler certaines notions élémentaires de l'acoustique et
faire appel à des expressions dont le sens échappe à
mes correspondants. Pour éclairer votre compréhension à la fois sur les
phénomènes
physiques rencontrés et sur mes méthodes de contrôle ou de correction,
j'ai
rédigé un document technique dont voici quelques extraits. Présenté de
manière aussi simple que possible, ce texte énumère les critères à
respecter, expose les principales contraintes et explique mes
recommandations. | |
Les ondes sonores
|
La première chose à savoir est de quoi est fait le son. C'est le
phénomène
audible engendré par la vibration de molécules dans un milieu
élastique. La plupart des matériaux tels
l'air, l'eau, l'acier, le bois, le béton, possède des propriétés
élastiques.
Cette vibration représente une énergie. L'énergie sonore ne se déplace
pas:
elle se propage. Si elle se déplaçait dans l'air, ça ferait du vent. Le
son
se sert des molécules comme support de propagation. Leur parcours est
restreint.
Chaque molécule transmet son mouvement à la
molécule voisine qui le transmet à la suivante, et ainsi de
suite. | |
| Mouvement
des molécules induit par le déplacement d'une membrane. Pour simplifier
le dessin, la membrane se déplace dans un seul sens. Un mouvement vers
la gauche produirait une vague vers le bas. |
| | Il est donc impropre de parler de la vitesse du son. On
préférera le mot célérité. La célérité du son dans l'air à 20°C est
344m/s. L'oscillation des molécules engendre une légère variation de
la pression atmosphérique qui se matérialise par une succession de
fronts de haute et de basse pression appelés ondes. |
| | | La
hauteur des perturbations s'appelle l'amplitude, et la distance
qui sépare deux crêtes (ou deux creux) correspond à la longueur d'onde.
La
vitesse de propagation des ondes est la célérité et la quantité d'ondes
produites par seconde s'appelle la fréquence. |
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Une onde est une perturbation en mouvement. Observons
un morceau de liège à la surface d'une eau calme. La hauteur de l'eau
peut être comparée à la pression atmosphérique et le bouchon de liège à
une particule d'air. Le jet d'une pierre dans l'eau perturbe
l'équilibre de la surface et crée des ondes qui se propagent en cercles
concentriques. Seules, les ondes se propagent, le bouchon oscille mais
il ne de déplace pas, l'eau non plus. | |
| | Dans un espace tri-dimensionnel comme l'air, le son se
propage de la même façon mais en sphères concentriques. L'énergie
propagée
s'affaiblit proportionnellement avec carré de la distance. A cela, on
peut ajouter
les pertes par friction des molécules. |
| | |
La
phase | Il est
essentiel de bien assimiler la notion
de phase pour comprendre le fonctionnement et l'importance des
réflexions dans un espace acoustique. | |
Les ondes ont pour
forme une succession de minima et de maxima de pression. La phase
exprime la relation angulaire entre deux ondes de même fréquence.
L'angle de phase identifie la position temporelle d'une onde par
rapport à l'autre. | |
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Lorsque deux ondes se rencontrent leurs
énergies se combinent, on dit qu'elles interfèrent. |
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Quand deux ondes de
même nature sont en phase, leurs énergies respectivent se cumulent.
Quand la phase est opposée, les énergies se retranchent et parfois
s'annulent. Toutes les valeurs intermédiaires sont possibles. |
| | Isolation et niveaux
sonores. | L'oreille
humaine peut accepter des
écarts de pression acoustique, autrement dit de niveau sonore,
considérables. Entre le seuil d'audition et le seuil de douleur on
observe un
écart de pression de 1 pour 1.000.000.000.000. Oui, vous avez bien lu,
1012 ou mille milliards ! Pour rendre
l'expression des niveaux sonores plus commode on a créé une échelle
logarithmique dont l'unité est le décibel (abréviation : dB). La plage
utile s'étend de 0
à 120 dB. | | On mesure le niveau sonore avec d'un sonomètre (ou
décibel-mètre). Pour que le niveau mesuré soit proche de ce que nous
entendons, le sonomètre inclut généralement un filtre de pondération
destiné à simuler les non-linéarités de l'oreille. Si la courbe de
pondération est nommée A (il en existe plusieurs), on mesure des dBA. |
| Pour
avoir quelques repères, sachez que le bruit résiduel ambiant dans une
chambre calme la nuit, est environ 18dBA à la campagne et 27dBA en
ville. Une conversation entre 2 personnes dans un bureau génère 55dBA,
tandis qu'un marteau piqueur ou une batterie à 1 mètre produit 110dBA. |
| La relation qui existe entre la variation de l'énergie
sonore et le niveau ressenti est souvent difficile à assimiler. Par
exemple, pour augmenter de 10dB le niveau sonore d'un ampli de 10
watts, il faudra 100 watts. La sensation auditive de cette différence
est celle d'un son deux fois plus fort. | | Autre notion méconnue:
une variation de 3dB correspond à une augmentation ou une diminution de
50% de l'énergie sonore. Quelle perception en avons nous? Prenons
pour exemple, un mur qui isole de 42dB soit une atténuation de 16000.
Pour notre oreille, cela correspond à une atténuation de
94.56%. Le son résiduel est encore audible car nous avons vu que
l'oreille fonctionne sur une très grande plage de niveaux. Si on double
l'affaiblissement, on passe à 45dB, soit une atténuation de 32000 et
95,56% pour l'oreille. La quantité d'énergie transmise a bien diminué
de 50% mais l'écart de la sensation sonore est seulement de 1%, donc
parfaitement indécelable. | |
Ceci explique pourquoi un mur qui isole de 50dB,
soit 100.000 fois moins fort, permet encore d'entendre la TV du voisin.
A ce titre, méfiez vous des publicités qui vantent les performances de
matériaux d'isolation exprimées en pourcentage de l'énergie sonore (50%
= 3dB). | | | Propagation du son à travers les murs |
| Quand une onde
rencontre un obstacle, son énergie est réfléchie, absorbée ou
transmise. | |
| | | Une
partie de l'énergie incidente est réfléchie et |
|
renvoyée dans la pièce. Cette partie va produire toute
une série de perturbations sonores plus ou moins désirables
(résonances, réverbération, échos). | |
| Une
autre partie de l'énergie est absorbée. |
| Elle
disparaît en se
transformant en chaleur. Rassurez-vous, la quantité de chaleur
produite est très faible. | |
| | L'énergie
résiduelle est transmise à
travers l'obstacle | | ou la paroi.
C'est elle qui va fâcher vos
voisins. La transmission n'est pas directe. Une fraction importante
se propage dans les murs, sol et plafond avant d'émerger, souvent
beaucoup plus loin. |
| | Absorption |
Certains matériaux
absorbent davantage l'énergie que
d'autres. Les surfaces
lisses et rigides absorbent très peu et renvoient dans la pièce la
majeure
partie de l'énergie sonore. Ce sont des surfaces réfléchissantes
(vitres, carrelage, plâtre,
béton lisse). | |
Les matériaux poreux ou
fibreux sont très absorbants. Les mousses et les laines minérales sont
couramment utilisées pour la correction acoustique. Remarque : pour
qu'une mousse absorbe, il faut qu'elle soit faite de milliers de
cellules ouvertes et communicantes. La densité des cellules, leur
diamètre et la souplesse du matériau sont des facteurs déterminants. |
| Il ne faut pas confondre isolation et
absorption. Les matériaux absorbants isolent plutôt mal. Ce n'est pas
leur
rôle. Il ne sert à rien d'appliquer de la laine de verre sur les murs
pour s'isoler de son voisin. | | | La fréquence d'absorption est déterminée par
l'épaisseur du matériau. Pour absorber les graves, le matériau doit
être épais. Le calcul est simple: sous incidence normale,
l'absorption commence à une fréquence égale au quotient de la célérité
du son par 4 fois l'épaisseur du panneau. | f = 344/4e |
Ainsi un panneau de 8,6cm d'épaisseur sera
efficace à partir de 1000Hz et au delà. On peut contourner
partiellement ce paramètre en laissant un espace vide (appelé plénum)
entre le mur et le
panneau. Dans ce cas l'épaisseur à prendre en compte est celle du
panneau +
plénum. | |
On peut aussi absorber les fréquences
basses en utilisant les propriétés mécaniques d'une membrane ou la
colonne d'air d'une cavité (résonateurs, bass-traps). En
soufflant près du goulot d'une bouteille, vous entendez la vibration de
l'air dans la bouteille. Le phénomène inverse permet de capter les sons
et de les étouffer. | |
Le pouvoir absorbant des
matériaux varie de 0% à 100%. Le physicien Wallace C.Sabine a donné une
unité d'absorption portant son nom, dont découle un coefficient par
unité de surface, l'alpha-Sabine (aS), dont
la valeur est comprise entre 0 et 1. | |
0 aS correspond à une absorption par mètre
carré nulle, tandis que 1 aS correspond à
une absorption infinie, (une fenêtre ouverte sur l'extérieur, par
exemple). Sur les documentations commerciales, vous trouverez
fréquemment des coefficients d'absorption supérieurs à 1. Ceci
correspond à une norme et une méthode de mesure en chambre réverbérante
où l'on considère, entre
autres, que l'angle d'incidence est à la fois variable et multiple. Les
valeurs obtenues avec cette méthode restent comparatives et ne sont pas
directement exploitables par les logiciels de modélisation acoustique. |
| | Réflexion |
La
réflexion des ondes sonores est la cause des échos, de la
réverbération, des résonances et de diverses interférences. Elle se
présente sous deux formes principales: la réflexion spéculaire et la
réflexion
diffuse. | | La réflexion est dite spéculaire quand elle se comporte
comme un rayon
lumineux. Sur une surface plane, l'angle d'incidence est égal à l'angle
de réflexion (comme la lumière sur un miroir). Pour que cette propriété
existe, il faut que les dimensions de la surface de réflexion soient
supérieures à la longueur de l'onde. Dans le cas contraire, l'onde est
partiellement déviée ou diffractée. A 10kHz, la longueur d'une onde est
3,44cm. A 100Hz, elle vaut 3,44m. | |
Les réflexions spéculaires sont
généralement indésirables car elles
créent des interférences
en se combinant avec le signal utile (voir interférences). Il vaut donc
mieux les éviter. | |
| | La réflexion diffuse brise l'onde en
fragments. Si on compare la réflexion spéculaire à la trajectoire d'une
boule de billard qui heurte un obstacle, on peut dire qu'avec une
réflexion diffuse la boule se brise et les éclats sont renvoyés dans
toutes les
directions. Seuls, les véritables diffuseurs cellulaires permettent une
dispersion homogène de l'énergie réfléchie. |
| | Les ondes
stationnaires | Ce sont les
résonances graves qui affectent la clarté et la définition aux basses
fréquences. Pour qu'une onde stationnaire apparaisse, il faut que la
longueur de l'onde soit proportionnelle
à une dimension (ou un groupe de dimensions) de la pièce. De nombreux
instruments de musique utilisent ce principe. | | | | Un préjugé répandu veut que les
ondes stationnaires soient un mal épouvantable et qu’il faille
absolument les éliminer. | |
A moins de construire une chambre
anéchoïque parfaite (par ailleurs inutilisable comme pièce d’écoute),
vous n’y parviendrez pas. | |
Un volume devient le théâtre d’ondes stationnaires
dès lors qu’il est clos et que le temps
de décroissance
est différent de zéro. |
| | Le
but recherché n’est pas d’éliminer les modes mais de les contrôler. Ils
doivent exister en densité suffisante, régulièrement espacés et de même
amplitude, de façon que l’énergie sonore soit uniformément distribuée,
sans résonance ni coloration. | |
Expérience: Supposons
un local fermé dans lequel on place
une enceinte | | - Même si
cette dernière rayonne dans de multiples directions, une
partie de son énergie va inévitablement se propager sur un axe de la
pièce,
perpendiculaire à une paroi (Courbe verte sur la
figure ci-dessous). | | - En heurtant la paroi,
la vitesse de propagation
devient nulle tandis que la pression devient maximale. Comme un nageur
dans une piscine, l'onde réfléchie par la paroi, repart
dans la direction opposée (Courbe jaune). |
| - En chemin, le front de l'onde croise sa propre traînée
au moment
où les amplitudes respectives ont un sens opposé. (Tout se passe très
vite. Le haut-parleur n'a pas terminé son excursion que le front de
l'onde est déjà
de retour). | |
- L'énergie positive de
l'onde directe combinée à l'énergie négative de l'onde réfléchie
s'annulent et la pression devient minimale à cet endroit (Courbe bleue). | | - L'onde
directe
initiale poursuit néanmoins sa route jusqu'à rencontrer la paroi
opposée où
elle se réfléchit à nouveau (pression
maximale). | |
| - Sur son
retour, elle rejoint
l'onde suivante générée par l'enceinte, de même phase cette fois-ci.
Les énergies des deux ondes
superposées s'ajoutent et se renforcent mutuellement pour accomplir un
nouveau cycle et le phénomène se répète. | |
| |
L'animation
ci-dessus
illustre la résonance
observée dans une pièce de 4,50 m de longueur, dans laquelle une source
sonore produit une note à 115Hz. | La courbe verte
représente le son généré par la
source (instrument de musique ou haut-parleur). |
La courbe
jaune est produite par la
réflexion sur le mur. | La courbe
oscillante bleue représente la somme
des énergies du signal généré par la source (en vert) et du signal
réfléchi (en jaune). | Vous
remarquerez que les courbes verte et jaune se
déplacent, alors que la résultante bleue est fixe, d'où le
terme:"onde stationnaire". | La courbe rouge
montre la pression acoustique
constante produite par la courbe bleue. | L'auditeur
n'entend pas l'oscillation visible à sur l'illustration. Il entend une
résonance stable plus ou moins forte selon qu'il se trouve dans un nœud
(annulation) ou dans une crête de pression (courbe rouge). |
A
cette fréquence, on
observe 3 zones d'annulation dans la pièce. Les zones se déplacent et
leur nombre varie quand la fréquence change. L'écart d'amplitude entre
les crêtes (ou ventres) et les creux (ou noeuds) atteint fréquemment
30dB. | |
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Réponse
modale typique.
Ici, il ne s'agit pas d'un modèle théorique, ces courbes ont été
effectivement relevées dans un auditorium. Elles sont issues d'une même
enceinte à 6 emplacements distants de 50cm. Les modes sont
clairement identifiables à 42, 100, 160 et 172Hz. |
| La fréquence de résonance
fondamentale fo produit un minima de pression au milieu de la pièce.
Elle s'obtient en divisant la célérité du son par 2 fois la dimension
concernée. | | fo = 344/2L |
| Le phénomène se
reproduit également aux fréquences
multiples de la fondamentale (harmoniques). Si on double la fréquence,
on observe le même
phénomène avec deux minima. Trois, si on triple etc. | | Quand la fréquence de
résonance dans
un axe correspond à une harmonique de la résonance dans un autre axe,
les
énergies combinées vont se renforcer mutuellement et exacerber le
phénomène
qui deviendra vite intolérable. | |
Les modes stationnaires
axiaux sont ainsi nommés parce qu'ils naissent dans l'axe longitudinal,
transversal et vertical de la
pièce. | | | | |
Le rapport des proportions
de la pièce est un élément déterminant de la qualité de la réponse
acoustique. Le but visé est de répartir les modes de manière homogène
en
évitant les résonances coïncidentes. | |
Évitez donc les locaux dont la longueur
est égale à 2 fois la hauteur par exemple, fuyez les pièces de forme
carrée,
le pire étant un cube (voir proportions). | |
Les murs non parallèles affectent
légèrement les modes axiaux sans les supprimer pour autant. Il existe
également des
modes tangentiels et obliques. Évidemment, sinon ce serait trop
facile... Leur
étude est plus complexe mais ils sont tout aussi présents et peuvent
aussi se
combiner avec les modes axiaux. | |
| L'effet se traduit par un excès de sons graves
dont l'amplitude est fonction de l'emplacement des enceintes et du
point d'écoute.
Il disparaît puis réapparaît selon la fréquence du signal. |
| | | Le son change constamment quand on se déplace dans la
pièce. On
s'en rend mieux compte en se bouchant une oreille car un mode
peut être différent
à quelques centimètres d'écart, donc d'une oreille à l'autre. |
| La figure
ci-contre correspond à une situation réelle. Elle illustre
les écarts de pressions
dans une pièce pour une
fréquence donnée. | | | Contrôle des modes stationnaires |
Il existe deux
méthodes pour les maîtriser: anticiper ou corriger. |
Anticiper, c’est d'une part, adapter les
proportions de la pièce en vue d’obtenir une distribution homogène des
modes et d'autre part, déterminer la position des enceintes de manière
à modérer l’excitation des modes les plus néfastes. | |
Corriger consiste à appliquer un
traitement à posteriori. Il se justifie lorsque les contraintes
dimensionnelles sont figées et qu’aucune autre solution n’est possible.
Le plus souvent, il vient en complément des dispositions préventives
pour lisser la courbe de réponse. Le traitement communément utilisé
fait appel à des dispositifs spéciaux appelés basstraps. La correction
électronique (DSP) peut également aider. | |
| | Libérez les angles |
Nous avons vu que dans tous les
cas, la pression est maximale sur les parois. Les modes possèdent en
commun une pression maximale dans les angles. Dans un angle découvert,
entre
deux murs ou entre mur et plafond, la pression sera 2 fois plus élevée
que sur un mur et
même trois fois dans les angles trièdraux (mur-mur-plafond). Pour vous
en
rendre compte, il suffit d'écouter un CD en plaçant votre tête dans un
angle
de pièce. | |
Les basstraps seront plus efficaces s'ils neutralisent
les ondes
stationnaires à l'endroit où elles se concentrent, c'est à dire dans
les
angles. | | | A ce titre, il est
conseillé de ne pas placer de porte ni
de fenêtre dans les angles (passez le message aux architectes). |
| | Proportions
favorables | Le rapport de
proportions de la pièce d'écoute est donc un paramètre important. De
tous temps, les acousticiens, musiciens, architectes se sont livrés à
des suppositions, croyances, calculs et analyses statistiques. La
littérature est riche dans ce domaine, mais il n’existe pas de recette
miracle. Si un rapport de proportions idéal permettait d’obtenir une
réponse parfaite, il serait connu de tous et tous les auditoriums
seraient construits sur le même modèle. Disons plutôt qu’il existe des
proportions à éviter. | |
En premier, citons le cube. Les modes sont identiques
dans les trois axes, les fréquences de résonance se superposent, y
compris les harmoniques. C’est un cas désespéré, à proscrire. Un
parallélipipède ayant une surface carrée est guère plus recommandable.
Si votre pièce est carrée, construisez une cloison pour la rendre
rectangulaire. Si un mur est aussi large que haut, inclinez le plafond.
Un autre cas plus répandu est celui où une dimension est le multiple
(entier ou non) d’une autre dimension. Ce n’est pas toujours facile à
identifier et seul le calcul des fréquences modales vous renseignera. |
| Géométrie des surfaces |
| | | A proscrire également : les surfaces
concaves. Paraboliques, courbes ou en polygone rentrant, elles
focalisent les réflexions des médiums et des aiguës vers un point
ou une ligne et sont incompatibles avec écoute homogène. |
| | | Les
réflexions précoces | Pour être vivable, un espace
d'habitation a besoin de limites finies qui déterminent nos repères
dimensionnels. Cette
appréciation nous semble évidente tant qu'il s'agit de repères visuels.
Elle
l'est beaucoup moins en ce qui concerne les sons car pour la plupart
d'entre
nous, la trajectoire des ondes sonores reste un phénomène impalpable.
Nous
avons deux yeux et deux oreilles et si notre système audio sensoriel
est moins
développé que notre perception des images, on peut cependant rapprocher
l'un
et l'autre et observer certaines analogies. | | Une enceinte n'est jamais totalement directive. Le
faisceau de diffusion assez resserré dans les aiguës,
s'élargit progressivement avec l'abaissement de la fréquence, pour
devenir
quasi omnidirectionnel dans les graves. Les ondes émises
derrière et sur les cotés des enceintes se réfléchissent sur les
parois à proximité et parviennent à l'auditeur avec une énergie
considérable toujours en retard sur le champ direct. Toutefois, le
décalage est trop court pour que notre cerveau puisse dissocier le
signal direct et les réflexions précoces. Il fusionne les signaux et
fournit une position erronée de la source sonore (effet Haas). Les
réflexions sont dites "précoces" quand le retard temporel est inférieur
50/80ms environ, variable suivant le rapport des intensités. |
| | | Imaginez la scène
suivante : | |
Remplacez vos enceintes par deux lampes
lumineuses et couvrez les parois, murs,
sol et plafond avec des miroirs. Les lampes se réfléchissent à
l'infini. Cela mérite plusieurs observations. Certes, vous gagnez en
luminosité, mais
vous ne savez plus si la lumière vient d'en haut, d'en bas ou du mur
situé
derrière les lampes. Nous sommes dans le cas où l'intensité des
réflexions
spéculaires dépasse celle du champ direct. Cet exemple représente
exactement ce qui se passe dans 99% des pièces d'écoute. Les parois
agissent comme des miroirs acoustiques. | | A
l'inverse, ôtez les miroirs et peignez les murs en noir. Vous ne
distinguez plus que les lampes, facilement repérables dans un décor
sombre, sans dimension. Cette configuration équivaut à une absorption
acoustique exagérée. | |
Dans notre comparaison avec la
lumière, les parois de couleur claire, neutre et matte, renverront une
lumière diffuse, absente de reflet et de coloration. Faudra-t-il
peindre les murs en gris clair, gris foncé ou en blanc? Ceci revient à
se demander s'il faut absorber un peu, beaucoup, pas du tout? En fait,
cela dépend de l'application. Le traitement est différent selon qu'il
s'agisse d'une régie de studio, d'un auditorium hi-fi ou d'un
home-theater. | | | Le filtrage en peigne | Les réflexions sont dites "corrélées" lorsqu'elles
entretiennent une relation de phase avec le champ direct. Il s'agit le
plus souvent de réflexions spéculaires. Si le retard est supérieur à
50/80 ms, la réflexion devient identifiable. Nous la ressentons comme
une répétition du signal, c'est à dire un écho. | |
Considérons une source sonore (une enceinte ou un instrument de
musique), produisant une note continue. Une partie de l'énergie se
propage en ligne droite vers l'auditeur. Il s'agit du champ direct. |
| | | Une
autre partie (nettement plus importante), se propage dans de multiples
directions. Les ondes rencontrent tôt ou tard les parois de la pièce
(et les objets qui s'y trouvent), sur lesquelles elles se réfléchissent. |
| Une partie de l'énergie réfléchie sera dirigée vers
l'auditeur. Elle aura parcouru un chemin plus long et arrivera au point
d'écoute en retard sur le champ direct. | |
| A
cause de ce décalage temporel,
l'onde directe et l'onde réfléchie ne sont plus synchrones et leurs
énergies
respectives au même instant ne sont pas identiques. Si par coïncidence,
l'onde réfléchie parvient à l'auditeur au même instant qu'une deuxième
onde
directe émise par la source, leurs énergies respectives vont se cumuler
et l'auditeur
percevra une augmentation du signal sonore à cette fréquence. Cela
s'appelle
une interférence constructive. Si au contraire, la crête de l'onde
réfléchie
coïncide avec le creux de l'onde directe, leurs amplitudes respectives
vont
s'annuler et l'auditeur ne percevra qu'un signal faible à cette autre
fréquence. Il
s'agit là, d'une interférence destructive. | | | | Sur l'échelle des fréquences, les
interférences se traduisent par une succession de bosses et de creux
dans la
courbe de réponse. | | Celle-ci ressemble alors à un peigne d'où le nom de
filtrage en peigne. La densité des dents découle de l'intervalle de
temps qui sépare le signal direct et le signal réfléchi. |
| Les écarts d'amplitude
dépendent du pouvoir réfléchissant de la surface. Ils peuvent atteindre
20 à 30dB. | | | Le cas
d'une surface réfléchissante située derrière l'auditeur est
spectaculaire. Achèteriez vous une enceinte dont la courbe de
réponse ressemblerait au graphe ci-dessus ? C'est pourtant ce que vous
écoutez en plaçant votre fauteuil à moins de 2m d'un mur. Le
phénomène est encore amplifié s'il s'agit d'une surface vitrée. | |
| | | Le filtrage en peigne
n'est pas forcément nuisible car il nous aide à nous repérer et à
identifier la position des sources dans l'espace. Mais il ne faut pas
que les réflexions dominent et colorent le signal. Heureusement, des
solutions existent pour atténuer les interférences ou neutraliser leurs
effets. | | La première consiste à absorber l'énergie en disposant un
matériau ad hoc sur la paroi incriminée. L'inconvénient, c'est que le
temps de décroissance, autre paramètre important, est réduit d'autant
(voir décroissance - réverbération). | |
La seconde consiste à orienter un panneau de manière à
dévier l'onde vers une autre direction que le point d'écoute. Pour que
cela fonctionne, il faut que le panneau soit très rigide et que ses
dimensions soient supérieures à la longueur d'onde du signal à dévier. |
| Reste
la solution plus élégante de la diffusion. Les diffuseurs cellulaires
brisent l'énergie incidente et la redistribuent sans corrélation de
phase avec l'onde initiale. Là encore, il faut respecter la fréquence
de coupure basse du diffuseur (voir ses spécifications), et respecter
une distance minimale entre le diffuseur et le point d'écoute (1m70 à
2m50). | | L'illustration ci-contre, donne une traduction visuelle de
la perception auditive d'une interférence et des méthodes de correction. |
| | | Sol et plafond | |
Les habitations modernes sont basses
de plafond car les architectes placent le prix de la construction avant
le confort acoustique des occupants. Si le
plafond réfléchit des signaux convergents émis par une paire
d'enceintes, l'auditeur reçoit un signal monophonique. |
Le même
phénomène se produit au sol. Il convient de prévoir un traitement
absorbant au sol (tapis) et au plafond dans la zone qui sépare
l'auditeur et les enceintes. | |
| La décroissance énergétique et
réverbération |
Vous
n'entendrez
probablement jamais
la véritable réponse de vos enceintes car celle-ci est mesurée en champ
libre
dans une chambre anéchoïde, c'est à dire une salle sans aucune
réflexion. Un tel espace
serait d'ailleurs totalement inadapté pour écouter de la musique. La
pièce a besoin de
"respirer". Pour cela, il faut accepter certaines réflexions, et
savoir les maîtriser. | |
La
décroissance énergétique, souvent improproment appelée réverbération, est la persistance naturelle de l'énergie sonore après
extinction de la source. Elle provient des multiples réflexions sur les
différentes surfaces de la pièce.
Pour que la réverbération existe, les réflexions doivent
être dé-corrélées c'est à dire diffuses, et leur densité suffisante
pour qu'on ne puisse pas les distinguer les unes des autres. La
réverbération est un phénomène non
directionnel qui rehausse le niveau
sonore et agrandit le volume acoustique apparent de la pièce. |
| Sa durée, appelée T60 ou RT60, correspond
au temps écoulé pour que la décroissance de l'énergie sonore atteigne
un
niveau 1 million de fois plus faible que son niveau initial, soit -60dB.
| | | | Elle
varie avec le volume de la pièce, l'absorption des parois et des objets
qui s'y trouvent. | |
Conseil : multipliez le nombre de surfaces de réflexion
ou utilisez des dispositifs appropriés pour que la réverbération
soit aussi diffuse que possible. | |
| Assurez-vous
que la décroissance
de l'énergie réverbérée reste linéaire et homogène. Pour chaque octave,
le RT60 ne doit pas s'écarter de +/-15% de la durée globale. Ce
paramètre définit les critères subjectifs que sont la chaleur, la
brillance, etc. | |
Le temps de décroissance optimal pour une même pièce varie en
fonction de l'application. Un studio, une régie, un auditorium ou un home cinéma
ne requièrent pas le même T60. |
| | | Écho flottant | L'écho flottant, ou flutter écho,
est le son produit par la répétition rapide et régulière du signal,
elle-même engendrée par la présence de surfaces réfléchissantes
parallèles
ou en figure géométrique simple. | | On l'identifie aisément
en tapant dans les mains pour produire un son bref. Il s'ensuit une
résonance métallique pendant 1 ou 2 secondes. |
| On supprime un
écho flottant en absorbant ou en diffusant les surfaces incriminées.
| | | Position du point
d'écoute |
Le placement des enceintes et la position du point (ou
de la zone) d'écoute sont deux opérations intimement liées. |
| En
champ libre, c'est à dire en supprimant totalement les réflexions du
local d'écoute, l'intensité du signal direct décroît de 6dB à chaque
fois que la distance aux enceintes double (ligne bleue sur la figure
ci-dessous). | |
| | Inversement, si on considère seulement les
réflexions, on entend que le champ réverbéré d'intensité constante dans
tout le volume de la pièce (ligne verte).Près des enceintes, le
signal direct domine, alors qu'à l'arrière de la pièce, il s'affaiblit
jusqu'à être noyé dans le champ réverbéré. |
| | La
distance qui sépare les enceintes du point où l'intensité du champ
réverbéré est égale à celle du champ direct s'appelle la "distance
critique". C'est précisément à cette distance, dans l'axe de la
pièce qu'on doit situer la zone d'écoute. | | La
détermination se fait d'abord par le calcul en adaptant l'intensité du
champ réverbéré, puis elle se vérifie par mesurages. |
| | Placement des
enceintes | Une paroi
rigide située à proximité d'une enceinte se comporte comme un
réflecteur acoustique. Elle élève le niveau sonore global, notamment
aux basses fréquences. En se combinant avec le son direct de
l'enceinte, les réflexions sur les parois créent des interférences et
par conséquent, une distorsion acoustique. | | Une
solution à ce problème consiste à placer les enceintes suffisamment
loin des parois pour que la première interférence soit inférieure à la
plus basse note produite par l'enceinte. Par exemple, si l'enceinte
descend à 70Hz, elle devra être située à plus de 1m20 des murs (et
aussi du sol et du plafond). A 40Hz ce sera 2m15. Maintenez les
enceintes à une distance différente pour chaque paroi : mur latéral,
mur de façade, sol, plafond. Des distances identiques favorisent un
cumul d'interférences aux mêmes fréquences. | | | | A l'inverse, une autre méthode,
consiste à encastrer les enceintes pour supprimer les ondes arrière.
Cette solution fonctionne au détriment d'une élévation inévitable des
basses fréquences compensable par le filtre "roll-off" des enceintes
(qui est même fait pour ça). Le traitement des modes stationnaires
devient aussi plus délicat. | |
| Pour une écoute musicale, les médiatrices des enceintes doivent
former un triangle équilatéral avec la droite
qui les sépare. La zone d'écoute se limite à la
surface du cercle centré sur l'axe de symétrie,
au sommet du triangle. Cette position répond à
plusieurs normes. Attention à bien maîtriser la
durée de la décroissance dans la pièce, sachant
que le champ direct et le champ réfléchi diffus doivent avoir la même
intensité au point d'écoute. |
|
| Si cet équilibre n'est pas réalisable avec les
enceintes placées comme ci-dessus, parce que la pièce est trop matte,
ouvrez légèrement le triangle pour reculer le point d'écoute. Si au
contraire, la pièce est trop réverbérante, réduisez la taille des 3
cotés du triangle équilatéral. | En
format cinéma,
l'angle de façade est resserré à 45°, pour offrir un meilleur recul aux
spectateurs. Certaines recommandations autorisent un angle de 60 degrés
pour une écoute mixte musique/cinéma. Un retard électronique sera
appliqué aux canaux surround pour compenser l'écart de distance entre
les deux cercles. |
| | Les
canaux surround (gauche et droite)
sont répartis sur 2, 4, 6 enceintes ou davantage pour offrir un
enveloppement réaliste. On préférera des enceintes dipôlaires pour ne
pas identifier la position des sources. | | Une attention
particulière sera apportée au positionnement du caisson de graves.
L'objectif étant de ne pas exciter les modes stationnaires si on veut
garder les basses nettes et précises. L'expérience et les directives
professionnelles indiquent que le placement du caisson de graves est critique et
qu'il vaut mieux multiplier les enceintes
surround avec un temps de décroissance court, plutôt que d'en limiter le nombre
dans un espace réféchissant. |
| Pour une
installation en format multicanal, les enceintes sont placées sur un
même cercle. Cette condition est parfois difficile à réaliser car elle
implique que la largeur de la pièce soit le double de la distance à
l'écran. L'introduction d'un retard temporel dans les canaux surround
peut résoudre ce problème. | | Ce
qu'il ne faut
pas faire | L'illustration
ci-contre illustre un cas extrême, mais assez fréquent. C'est l'emple
type de ce qu'il ne faut pas faire. Ici, les spectateurs sont : |
1- trop en arrière, donc
dans le champ réverbéré. La distance critique n'est pas respectée, d'où
une énorme perte d'intelligibilité et l'absence totale de définition. 2
- trop près du mur arrière (distorsion par filtrage en peigne et
surtout en plein dans les zones de haute pression - excès de graves). 3- trop
près des enceintes surround. Le champ surround qui devrait être diffus
devient précis et les enceintes de façade qui devraient être précises
sont noyées dans les réflexions. | | |
| | Avec les enceintes de façade collées au
mur, l'amplitude des modes stationnaires est maximale, les fréquences
basses sont exagérées, parfois en conflit avec le caisson de graves. La
position de ce dernier, à égale distance du mur de façade et d'un mur
latéral, ajoute de nouvelles interférences aux modes stationnaires. Les
enceintes surround unipolaires et logées dans les angles apportent des
colorations importantes dans les médiums. De plus, elles sont trop à
l'arrière des spectateurs. | | Cette configuration
montre que dans l'unique souci de mettre en valeur le volume de la
pièce l'installateur a complètement négligé le son et l'image. Il est
impossible d'envisager une correction sans changer radicalement le
placement des sources et de la zone d'écoute. | |
| | La correction
électronique | L'égalisation
simple | L'insertion d'un
égaliseur paramétrique ou par 1/3 d'octave, dans la chaîne de
reproduction a longtemps été une solution séduisante pour supprimer les
colorations. Malheureusement, cette technique pose plusieurs problèmes: -
D'abord, elle ne tient pas compte des composantes temporelles du
signal. Les écarts de phase, responsables de la plupart des accidents
de la courbe de réponse, ne sont pas pris en compte. Pire encore, la
correction introduit des déphasages supplémentaires qui compliquent
encore les choses. - Ensuite, s'il est facile d'atténuer une crête
d'amplitude, il est beaucoup moins évident de combler une atténuation.
On demande à l'enceinte de délivrer une puissance phénoménale qui
risque d'endommager le matériel. - Enfin, les interférences
produisent une multitude de zones de haute et de basse pression. Quand
on atténue une fréquence jugée excessive en un point, on atténue
également la zone de basse pression qui se trouve quelques centimètres
à coté. On déplace le problème, mais on ne résout rien (voir le
chapitre sur les modes stationnaires). Exemple: mesurée en un
point de la zone d'écoute, la réponse en fréquence de votre
installation audio affiche un large trou de 20 décibels à 170Hz,
probablement dû à un mode stationnaire. Un égaliseur acoustique
fonctionne toujours en atténuation et vous découvrez qu'au 1/3 d'octave
il n'existe pas de bande à 170Hz, mais seulement à 160Hz. Faute de
mieux, vous laissez cette bande à son niveau nominal et vous atténuez
les autres. Le niveau global devient très atténué et vous cherchez à
compenser en tournant le bouton de volume. A partir de cet instant,
vous risquez fort de saturer l'amplificateur car une compensation de
20dB équivaut à une élévation de la puissance par un facteur 100!
Supposons que votre ampli délivre 4 watts pour une écoute confortable.
Introduire une correction de 20dB équivaut à lui demander de produire
400 watts à la fréquence incriminée! Il y de grandes chances pour que
l'ampli soit saturé et les enceintes détruites avant que vous n'y
parveniez. Et même si c'était possible, vous auriez un niveau colossal
1 mètre plus loin, précisemment là où la correction inverse est
nécessaire! | |
La correction par processeur numérique |
Il existe aujourd'hui des systèmes de correction
numérique plus sophistiqués (Digital Room Correction). Le principe
consiste à prélever un échantillon des paramètres acoustiques de la
pièce en mesurant la réponse impulsionnelle pour chaque canal. Les
informations
recueillies concernent à la fois le domaine temporel et fréquentiel.
Ensuite, on applique au programme sonore, une correction équivalente à
l'inverse des paramètres enregistrés. La résolution est bien meilleure
qu'avec égaliseur classique car elle n'est pas limitée au tiers
d'octave.
La phase et le temps de propagation sont pris en compte. Ce système
donne de bons résultats pour corriger les modes stationnaires et aussi
pour compenser les écarts de distance entre les enceintes. |
| Limites de la correction électronique |
Les deux méthodes ont ceci en commun: elles ne sont
acceptables que pour une localisation précise. Les fabricants proposent
une procédure de mesurage en plusieurs points et l'appareil calcule la
correction d'après la moyenne des relevés. Cela fonctionne aux très
basses fréquences, mais ne permet pas de corriger par exemple, un
filtrage en peigne dont le spectre change tous les dix centimètres! A
500Hz, la distance qui sépare une crête d'une annulation est de 34cm.
Deux personnes assises cote à cote n'entendrons pas la même chose.
L'illustration
ci-dessus représente un local avec deux enceintes L, R et une zone
d'écoute délimitée par le cercle rouge. A l'intérieur de cette zone, on
trouve 5 points de mesurage numérotés de 1 à 5. On observe les vagues
de pression produites par un mode stationnaire à 100Hz à gauche, à
170Hz au centre et 300Hz à droite. A 100Hz, les points 1, 2 et 3
reçoivent une pression élevée tandis que les points 4 et 5 sont situés
dans un creux de pression. A d'autres fréquences l'écart de pression
entre les points suit un ordre différent. Les courbes publiées par les
fabricants sont toujours optimisées pour un seul point. La correction
globale, basée sur une moyenne, ne pourra pas compenser
individuellement chaque point de la zone d'écoute. Pour simplifier
l'exposé, seules les ondes stationnaires sont représentées. La
correction des réflexions précoces est encore plus délicate.
La
correction électronique est envisageable quand les longueurs d'ondes
sont suffisamment importantes (jusqu'à 120/150Hz environ) et les écarts
d'amplitude modestes (8 à 10dB au maximum). Elle fonctionne mieux pour
une surface restreinte que pour une zone étendue.Au cours de ma
carrière, j'ai eu l'occasion d'égaliser des centaines de studios
d'enregistrement et d'utiliser tous les systèmes. Voici mon conseil:
avant de se lancer aveuglément dans une correction électronique,
explorez d'abord toutes les autres solutions. Un placement judicieux
des enceintes et du point d'écoute, peut résoudre une bonne partie des
problèmes. Les systèmes électroniques deviennent transparents quand on
leur demande une correction modérée. Ceci suppose que les problèmes
majeurs soient déjà atténués par un traitement acoustique préalable.
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